Cultivons la tolérance !

L'objectif du client

  • Ce travail me permettrait d’être plus libre – dit le client lors d’un premier rendez-vous, lorsqu’on explore les objectifs de notre travail commun. 

Je continue à questionner pour mieux comprendre :

  • Pouvez-vous m’en dire un peu plus ? 
  • J’aimerais me libérer du poids du regard des autres. Ne plus culpabiliser d’avoir besoin de viande.
  • Parce que vous culpabilisez d’ avoir besoin de viande ? 
  • A l’intérieur non, car je sais que j’ai essayé de manger sans viande et que cela ne marche pas pour moi, mais je culpabilise quand mon entourage me fait la leçon.
  • On vous fait la leçon ? 
  • Oui, pourtant, je ne mange que de la viande bio de petits producteurs locaux, issus d’animaux bien élevés et bien traités. 
  • Du coup, vous attendez du travail que cela vous conforte dans ce que vous savez déjà ? 
  • En quelque sorte oui, mais surtout de me sentir plus libre.”

Cet entretien vient après un autre où une cliente s’est excusée trois fois en 45 minutes de ne pas être végétarienne, et une autre qui dit “je sais que tout le monde devrait être végé, mais je n’y arrive pas”.  Je commence à penser qu’il y a un très gros souci…. Pas avec ces personnes, qui viennent me voir. Avec elles, nous allons pouvoir tranquillement déconstruire les croyances et reconstruire leur liberté alimentaire. Mais un gros souci dans les idées reçues ambiantes, qui font que ces phrases sortent en consultation. 

Certes, il y a quelques années j’ai publié une infographie Comment faire face à la radicalisation alimentaire , mais je n’ai jamais eu jusqu’ici une telle concentration de ces diktats parmi mes clients en une seule journée. 

Ma réflexion

Je ne sais pas si cela vient du fait que je travaille avec l’alimentation, que les gens pensent que pour bien manger tout le monde devrait être végétarien, et que pour satisfaire ce critère imaginaire, ils énoncent des regrets parce qu’ils consomment de la viande. Ou bien peut-être que d’autres professionnels qui s’occupent d’alimentation leur ont dit qu’il ne faut pas manger de viande. 

Ou peut-être encore, comme dans la conversation que j’ai retranscrite plus haut, que le problème vient de la pression de l’entourage. Dans tous les cas je trouve cela extrêmement grave

Dans ma façon de travailler nous partons du principe quil n’y a pas UNE alimentation saine, mais autant d’alimentations saines que de personnes : à chacun la sienne. A travers le Profilage Alimentaire et l’Audit Nutritionnel de Taty Lauwers d’un côté, et la Thérapie Alimentaire de l’autre, j’accompagne mes clients vers la liberté alimentaire : sans enfermement, de manière autonome, en respectant ses besoins et son corps, en trouvant soi-même ce qui convient  et en faisant des choix conscients. Il va sans dire que je ne considère aucune façon particulière de manger comme souhaitable, idéale ou bonne, sauf celle qui convient à telle personne ici et maintenant, compte tenu des informations que nous avons réussi à rassembler ensemble. 

Il n’y a pas une façon de s’alimenter qui serait plus éthique ou morale que les autres, ou alors il ne s’agit pas d’alimentation, mais de religion, et dans ce cas, comme on le sait, cela ne se discute pas. Alors il n’en est pas question ici, OK ? 

Il n’y a pas une façon de s’alimenter qui serait plus éthique ou morale que les autres, ou alors il ne s’agit pas d’alimentation, mais de religion, et dans ce cas, comme on le sait, cela ne se discute pas.

Le côté écologique de la viande

J’’ai beaucoup écrit sur le côté écologique de la consommation de viande  (ici et ici par exemple ou encore ) et j’ose donc affirmer que consommer des animaux élevés par des petits producteurs locaux de manière respectueuse n’est pas du tout un problème. Bien au contraire, l’élevage représente une voie de sortie très intéressante de cette crise climatique. Et oui, vous avez bien lu, les élevages bien menés ont le pouvoir magique de reverdir les déserts, et la restauration des prairies et des pâturages de façon holistique est le moyen le plus efficace pour stocker le carbone du sol et ainsi minorer le réchauffement climatique. On met donc de côté la partie écologique de la question, juste après avoir pointé du doigt la stratégie utilisée : trouver un bœuf, pardon, bouc émissaire*, la désinformation par les médias de masse, la peur et la culpabilisation, le clivage et la pensée binaire sans nuances….

Etes vous pour la discrimination ?

A propos, êtes-vous pour la discrimination basée sur

  • le genre
  • le handicap
  • l’origine
  • l’âge 
  • l’orientation sexuelle
  • la catégorie sociale
  • les convictions politiques, philosophiques ou religieuses
  • …?

Non ? 

Alors pourquoi stigmatiser celles et ceux qui mangent de la viande ? 

Peut-être devrait-on ajouter à la liste de non-discrimination :

  • de l’orientation alimentaire ?

Attention, cette non-discrimination inclut également les petites blagues amicales (“ah, c’est de la provocation, ton assiette” ?) ; les remarques de toutes sortes (“je vois qu’il y encore des gens qui n’ont pas de pique-nique végé, mais bon, chacun avance à son rythme…”) ; les regards silencieux de travers au resto, et les tentatives de convaincre l’autre de ce qu’il faudrait soit disant faire ou ne pas faire, manger ou pas manger… Souvenez-vous : notre alimentation est l’une des choses les plus intimes que nous avons, qui est le résultat de notre histoire, de nos émotions et de qui nous sommes au final.

Manger végé ne sauvera pas la planète-Alimentation Intégrative

Mes propositions pour cultiver la tolérance

Disons-le haut et clair : les personnes qui mangent de la viande ne font rien de mal, ni à eux-mêmes, ni à la planète. Laissons donc les gens faire leur choix, sans en faire une question politique ou morale ou encore moins une religion ou un dogme. 

Revenons aux principes que j’ai décrits dans mon infographie d’il y a quelques années : l’ouverture, la bienveillance, la curiosité, l’écoute, et si nécessaire, posons des limites claires : notre alimentation ne regarde que nous. Respectons les différences et les besoins des autres, sans porter de jugement, simplement en restant curieux des choix des autres. 

Ça vous plait comme programme ? Je suis profondément convaincue qu’en respectant ces points le monde sera plus sympa, plus paisible et un bel endroit à vivre et à partager. Et vous ? 

  • Avez-vous déjà observé des jugements similaires dans votre entourage ? Comment avez-vous réagi à l’époque ? 
  • Après la lecture de cet article, allez-vous modifier quelque chose dans vos réactions ? 

* Le Boeuf émissaire, Taty Lauwers, Editions Aladdin, 2021 https://www.editionsaladdin.com/bem/index.html

voir aussi :

Conversations sociologiques autour du véganisme avec Frank Pierobon, philosophe  – en 5 épisodes

2 commentaires

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