Les aliments ne sont ni bons, ni mauvais

Depuis que je suis sortie de ma période taliban du bio, végé, crudivore, sans gluten, sans lait ou sans sucre, je suis convaincue que les aliments ne sont ni bons, ni mauvais en eux-mêmes. Ils peuvent être d’autres couleurs que noir ou blanc, même si on aime tellement les catégoriser : “tel produit est bon”, “tel produit est mauvais”. Dans cet article je partage avec vous comment j’en suis arrivée à cette conclusion, qui, j’en suis bien consciente, contredit les diktats de l’alimentation santé. 

Avant de commencer : une définition

Avant de passer à l’explication, une petite définition s’impose : qu’est-ce qu’un aliment ? Je passe la définition du Larousse et je mets directement la mienne : un aliment est un produit naturel, produit/élevé de manière respectueuse de l’homme et de la planète et transformé avec respect pour garder ses nutriments. (pour plus d’informations voir l’article ou bien le livre Quand l’alimentation nous bouffe la vie ). Il y a une manière simple de vérifier si un produit est un aliment ou bien une invention pour le confort des consommateurs depuis les années 60 : demandez-vous si votre arrière-grand-mère connaissait ce produit et si elle l’avait dans son garde-manger. Sinon, c’est mal barré pour qu’il s’agisse d’un aliment…même avec des allégations alléchantes)

les aliments ne sont ni bons ni mauvais

Et maintenant, place à l'explication !

Aujourd’hui, il est très tendance de réfléchir en mode binaire : c’est bon, ce n’est pas bon, c’est sain, ce n’est pas sain… Certes ce type de pensée simplifie les choix alimentaires dans un premier temps, mais il nous enferme du coup dans une prison avec des barreaux rigides qui font des dégâts considérables : jugements, culpabilisation, clivage, séparation, voire de la haine (de soi ou des autres), pour n’en nommer que quelques uns. 

La vie m’a appris que la réalité est beaucoup plus complexe. Je vais vous donner un exemple, avec une phrase que vous avez déjà sûrement entendue : “le lait c’est pour les veaux”. Certes, rien de plus vrai. Il est également avéré que de nombreuses personnes ont des problématiques liées aux produits laitiers modernes. Et en même temps, le lait de vache a permis à l’humanité de survivre depuis plus de 10 000 ans, il est présent dans l’alimentation  des différents peuples depuis la nuit des temps, qu’il s’agisse des Mongols, des Indiens ou des Masaïs. Les produits laitiers fermentés sont par exemple la base de l’alimentation pour les Indiens, ou bien encore on utilise le lait cru en cure pour les personnes atteintes de cancer (oui, vous avez bien lu). 

Les tribus mongoles nomades, pourtant génétiquement intolérantes au lactose, survivent pendant presque la moitié de l’année uniquement grâce à leur produits laitiers fabriqués maison !

Donc noir ou blanc ? 

Gris, mon capitaine !

La bonne question

La grande question, ce n’est point “est-ce que le lait est bon ?”, entendu en consultation sous la  forme  “qu’en pensez-vous?”… ou “est-ce que je peux?” …. La question, comme toujours, c’est de définir de quoi on parle, pour qui, et dans quel contexte. 

  • Parle-t-on du lait UHT avec une durée de vie de 2 ans, un produit industriel, homogénéisé, avec des particules qui peuvent passer la barrière intestinale, issu des vaches Prim’holstein, élevées dans une étable au tourteau de soja, à l’ensilage de maïs (OGM) avec des médicaments de toutes sortes ? Ou bien parlons-nous du lait cru, issu d’une race locale, rustique, élevé sur herbe, ou dans une prairie non traitée la plupart de l’année, à la manière ancestrale (donc sans antibiotiques, hormones de croissance ou autres aides) ?
  • Parlons-nous d’une jeune femme végétarienne, d’un enfant  avec des otites à répétition ou d’un homme ou d’une femme en pleine santé ? 
  • Parlons-nous d’un fromage au lait cru, de beurre, de fromage frais, de kéfir  transformé de manière traditionnelle ou bien d’une préparation laitière bourrée d’additifs, de colorants, de sucre, de gommes ou de sel de fonte, d’arômes ou d’autres adjuvants ? 
  • Parlons-nous d’une fréquence de consommation de type 3 fois par jour tous les jours pendant 20 ans ou bien dans le respect des saisons, ou bien de rotations de bon sens quelques fois par semaine ? 

Je pourrais encore continuer, mais je crois que cela donne déjà une idée de la complexité de la question.

Les aliments ne sont ni bons ni mauvais

Noir ou blanc ? 

Ni l’un, ni l’autre !

Ma réponse préférée : cela dépend. 

De quoi ça dépend ? De vous ! Dites-moi ce qu’il se passe quand vous mangez du bon fromage de la ferme d’à côté de temps en temps ? Les réponses peuvent varier sur une échelle large allant de “rien” , en passant “parfois ça me donne – insérer ici un symptôme connu” jusqu’à “à chaque fois que j’en prends je suis malade”.

Ou simplement : “je ne sais pas”, pour les personnes qui font davantage confiance aux sources de l’extérieur qu’à leur propres ressentis. 

Et les réponses peuvent être également différentes pour les types de produits : beurre, yaourt, fromage frais ou fromage affiné, au lait de chèvre, de brebis ou de vache, en croisant avec la fréquence, le moment de la consommation et la quantité. 

Il se peut que certains produits vous conviennent et que certains autres ne vous conviennent pas. Que le matin ça passe, mais pas le soir – ou bien l’inverse. Que de temps en temps cela ne vous fait rien, mais que si vous dépassez un certain rythme, l’aliment va poser un problème. 

Donc, du moment que l’on parle d’un aliment tel que je l’ai défini au début, on ne peut pas juste dire s’il est bon ou mauvais. On peut juste se demander quelle est la nuance de gris pour soi-même pour tel ou tel produit laitier, à telle ou telle fréquence ou tel ou tel moment. 

Et pour moi ?

Avez-vous déjà des débuts de réponses à des questions concernant certains produits? C’est super, continuez à explorer, car, à mon sens, c’est la seule voie vers une connaissance de soi et une prise en main de sa santé durablement. Certes, on aimerait tous que ce soit simple et que quelqu’un nous dise que ceci c’est bon ou ce n’est pas bon pour nous, mais en fait, chacun vit dans son propre corps 24h sur 24h et c’est en apprenant à observer finement ce qu’il s’y passe quand on fait telle ou telle chose, comment le corps est affecté par tel type de repas, tel type d’aliment, qu’on va pouvoir petit à petit apprendre à faire équipe avec lui, à en prendre soin et à pouvoir négocier certains extras. 

Si vous êtes au début de vos investigations, commencez vos observations avec des choses simples, comme par exemple les expérimentations sur le petit déjeuner dont je parle ici .

Quelques idées d'observations

Notez à chaque fois comment vous vous sentez en général, avant de manger. Puis notez l’heure du repas et ce que vous avez choisi de manger. Observez l’effet immédiat du repas : êtes-vous satisfait ? Avez-vous une sensation de manque ? Vous sentez-vous irrité, apaisé ou encore alourdi ? Avez-vous des symptômes physiques immédiats qui vous transmettent un message du corps : la goutte au nez, des raclements de gorge ou une toux, des réactions au niveau de la peau, les yeux qui grattent ou qui rougissent, des sensations dans le palais, la langue ou à un autre endroit de votre corps ? 

Puis 20-30 minutes après le repas, faites de nouveau un check-up : en commençant par la tête et en finissant par vos pieds, passez en revue chaque partie de votre corps pour enregistrer ce qui a changé ou évolué. Observez vos sensations dans l’estomac, dans les intestins et également votre énergie ou votre humeur. Notez tout, car c’est en comparant avec les autres jours que vous allez pouvoir faire des liens et commencer à faire la part des choses et apprendre ce qui vous nourrit véritablement, et quelles sont les réactions de votre corps. 

Et 2 heures après le repas, réitérez ces étapes d’observation. Vous pouvez également faire attention à vos pensées, à votre sensation dans le ventre, à la stabilité de l’énergie et éventuellement au sentiment de faim. 

De cette façon, vous découvrirez, au-delà des recommandations de tel ou tel livre (ou de tel ou tel régime, de tel ou tel spécialiste), comment vous fonctionnez, ce qui vous nourrit et de quelle manière cela vous affecte physiquement ou psychiquement. Et là, ce sont des expériences véridiques, viscérales et non mentales. Ce sont VOS expériences et non pas celles des autres. En procédant ainsi vous allez pouvoir petit à petit vous faire confiance, vous connaître et faire des choix alimentaires justes pour votre bien-être sur le long terme. 

Bien entendu, vous pouvez toujours faire des expériences d’un type d’alimentation, ou liées à un régime particulier si cela vous semble intéressant. Mais au lieu d’en faire un cadre restrictif et unique, approchez ces expérimentations avec le regard d’un chercheur : curieux, sans opinion préalable, et voyez par vous-même ce qui en ressort. Une fois cet apprentissage d’auto-observation fait, vous serez en capacité de reconnaître si quelque chose ne va pas et ainsi de rectifier le tir. Vous allez progressivement devenir l’expert de votre alimentation, de votre corps et vous allez pouvoir prendre en main votre santé.

Pour les accompagnants

Quand on s’intéresse à l’alimentation et que l’on se forme, on apprend énormément de choses intéressantes et on n’a qu’une envie, c’est de les transmettre.  Et c’est tout à fait normal, nous sommes tous passés par là :-). En même temps, ce que nous apprenons ou ce que nous lisons est bien souvent enfermant et nous amène à envisager la réalité sous un seul angle. On parle rarement d’individualisation (hormis en médecine traditionnelle chinoise ou ayurvédique ou dans le Profilage Alimentaire), et la plupart des livres ou des magazines spécialisés sont remplis de généralisations, de jugements en noir et blanc qui nous martèlent ce qu’il faut faire ou ne pas faire. Tout le monde en a plus ou moins conscience, et nos clients arrivent parfois avec des croyances et des jugements très sévères.

C’est d’autant plus important pour nous, qui accompagnons les changements alimentaires, d’adopter un regard différent de ces visions binaires. Au lieu de prêcher tel ou tel type d’alimentation, ou bien des choses qui seraient acceptables ou pas, essayons plutôt de montrer l’ouverture, d’ajouter des nuances, de lancer des questions qui ne font pas appel à certaines croyances mais qui font parler le corps et qui permettent de faire des liens, et de donner des outils pour que les clients découvrent par eux-mêmes ce qui se passe pour eux en mangeant ceci ou cela. Ainsi ils pourront petit à petit faire confiance à leurs ressentis pour devenir petit à petit autonomes et faire leurs choix librement avec conscience et en connaissance de cause.

Si cette façon d’approcher l’alimentation vous intéresse, vous trouverez mes propositions de formation sur mon site.

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